Début de la seconde journée en Grande Kabylie. D'entrée je suis confronté à l'extraordinaire sens de l'hospitalité et de l'amitié des kabyles: Tarik, bien que sa femme soit enceinte de sept mois, et Rabih, malgré leur inquiétude suite à un léger tremblement de terre la veille à Boumerdès, ont tenu à maintenir ce voyage; et quelle n'est pas ma surprise de voir Tarik nous quitter sur le bord de la nationale, à quelques kilomètres de Tizi-Ouzou, pour rentrer en bus à Boumerdès. Tout cela pour nous faire visiter sa région durant une journée, et nous héberger dans sa famille! Impensable ici! Grand grand grand merci à ces amis.

La visite se poursuit donc avec Rabih. Nous rejoignons la forêt de Yakouren en passant par Azazga. De là nous empruntons une petite route après avoir demandé si cela n'était pas dangereux. Au hasard nous nous arrêtons dans ce petit village de Kelaa où les habitants nous recoivent avec une gentillesse extrème. Village abandonné du pouvoir en place, sans infrastructure; à peine l'eau et l'électricité. La mosquée n'est qu'une chambre aux murs nus, comme dans la plupart des villages de Kabylie; c'est un lieu de réunion et de prière, loin de l'intolérance et des discours enflammés. Je compris en repartant que ce village est "puni" depuis plus de quarante ans, probablement pour s'être, à l'époque, rallié à la France.

Après Port-Gueydon, nous rejoindrons Bougie par la côte, très belle et sauvage; pour combien de temps encore car à l'approche de Bougie, on commence à sentir le désir d'urbanisation du rivage, pour l'heure épargné.

La première carte ci-dessus est un extrait de la carte Michelin 172 de 1958. Les routes entre Yakouren et Port-Gueydon, et entre Port-Gueydon et Bougie, ne sont pas dessinées. On les retrouve par contre sur le deuxième extrait, ainsi que Kelaa, carte Michelin 743 de 2007.

Comme d'habitude, les photos prises par Rabih sont suivies de "R" après la date sur les photos.

Vers la suite du voyage "Grande Kabylie 4/4" ou retour à "Grande Kabylie 2/4" ou à la page de garde du site.

Quelques indications sur les lieux traversés:

• Azazga: Azazga était décrit en 1930 comme "un coquet village français de 407 habitants, chef-lieu de la commune mixte du Haut-Sebaou, de 49.665 habitants.... à 425 mètres d'altitude". En 1954 le village comptait 6.944 habitants, dont 344 européens (4,95%), et la commune mixte, 61.800 habitants.
• Yakouren: Station estivale et centre d'excursions, à 800 mètres d'altitude, dans une clairière assez vaste, au pied d'une éminence qui porte le village de Yakouren-Kabyle (865 m. d'alt.). Le massif forestier est décrit comme l'un des plus beaux de l'Algérie.
• Port-Gueydon (Azeffoun): Ainsi décrit dans le Guide bleu de 1930: "Port-Gueydon ou Azeffoun, du nom de l'amiral qui gouverna l'Algérie en 1871 et qui réduisit l'insurrection kabyle, chef-lieu d'une commune mixte de 30.612 habitants, petit village français de 230 habitants, et petite station estivale, à l'ouest du cap Corbelin, sur le golfe de Mers El Fahm (le port au charbon), ainsi nommé parce qu'on y embarquait autrefois du charbon de bois à destination d'Alger. ... .Au dessus du village français, village kabyle et ruines romaines". En 1954 le village comptait 919 habitants, dont 237 européens (25,79%), et la commune mixte 34.500 habitants.